Une rencontre dont on se serait bien passé [Pv Miraë]

Mon métier de coursier était génial. Vraiment. Et puis de toute façon, je vous interdis de croire le contraire ! Je n'aurais changé pour rien au monde de boulot. On est bien d'accord ? Bien, je vais pouvoir commencer...

Encore une fois, j'avais reçu un paquet à livrer. Normal pour un coursier me direz vous... Oui mais cette fois ci, je partais découvrir un nouveau pays ! J'étais toujours excité à l'idée de faire une nouvelle livraison dans un endroit que je ne connaissais pas encore. J'allais pouvoir tester une nouvelle nourriture, de nouveaux paysages, etc... Tout ce pour quoi j'avais choisi mon boulot de coursier en somme.

J'étais arrivé dans la capitale de Nnol, Ryoso, depuis peu et j'étais à la recherche de l'adresse indiquée sur mon bon de livraison. J'aurai pu demander aux habitants mais l'abondance de soldats méfiants un peu partout en ville et les visages renfermés des rares personnes que je croisais m'avaient convaincu de me débrouiller seul.

Je déambulais donc, cherchant des points de repères du mieux que je le pouvais. Mes recherches infructueuses m'avait ainsi conduit dans un quartier sombre de la ville, rempli de rues sinueuses et étrange. Un décor parfait pour un assassinat. Je ne me sentais vraiment pas à l'aise et j'avais hâte de livrer ce satané paquet...

Alors que je m'engageais dans une énième ruelle et que je commençais à perdre espoir, j'aperçus une elfe devant moi qui avançait d'un pas vif. Une elfe ici ? C'était parfait ! En plus, elle semblait connaître l'endroit, elle pourrait sans doute m'aider contrairement aux habitants dépressifs de cette ville !

Je me rapprochais donc d'elle, et tout en lui touchant l'épaule, je l'interpellais :

- Salut ! Dis tu...

Grossière erreur. Avant même de comprendre pourquoi, je m'étais retrouvé plaqué contre le mur par magie, le souffle coupé. Qu'est-ce que j'avais fait de mal ??

Une rencontre dont on se serait bien passé

ft: Areste Tiers

Mes pas m'avaient donc menées à Nnol, dans cette petite ville près de la frontière avec Risehorn. Me rendre jusqu'ici n'avait pas été de tout repos... En effet, les gardes au poste frontière étaient méfiants, et demandaient à tout le monde de décliner leur identité, soupçonnant l'arrivée d'un espion de Lonn. Espionne de Lonn, moi ? Je ne leur avait pas répondu lorsqu'ils m'avaient demandé mon nom, et après avoir tué le premier avec sa propre arme, je l'ai fait démembrer ses camarades après l'avoir ranimé pour leur faire payer d'avoir essayé de m'arrêter au nom de leur roi.

Je n'avais pas de temps à perdre avec cette guerre idiote. Mon objectif était tout autre. Je devais trouver le Temple blanc. Les livres que j'avais lu à Risehorn en faisaient mention, et j'avais déduit des quelques récits et du peu de descriptions de l'endroit que j'avais trouvées que je pourrais y trouver des choses intéressantes à étudier.

Malheureusement, les choses ne se passaient jamais comme prévu, et les gardes de la ville étaient en alerte, pensant toujours que la mort de leurs camarades était l'oeuvre d'un espion. Avec des soldats si bêtes, pas étonnant que leur pays se fasse espionner si facilement.

Mais ces idiots m'empêchaient de progresser, et par dessus tout, ils m'empêchaient de récolter des informations sur la localisation de ce temple. Énervée, je parcourrais les ruelles de la ville, mon précieux grimoire toujours serré dans mes bras, marchant rapidement pour éviter d'être repérée, avant de sentir une main se poser sur mon épaule.

Mon élément avait parlé pour moi, plaquant l'inconnu contre le mur en l'empêchant de bouger. Un garde ? Non, il n'en avait pas l'air... Sa tenue ressemblait plus à une tenue de voyage. Que me voulait-il ? Le gardant bien gentiment collé à son mur, je commençais donc à lui parler pour obtenir ces informations qui m'intéressaient.
-Qui es-tu ? demandais-je froidement, le regard assombri par ma frange alors que je gardais la tête basse. Qu'est ce que tu veux ?

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-Qui es-tu ? Qu'est ce que tu veux ?

Non mais elle était sérieuse ? Je voulais juste lui demander mon chemin et voilà qu'elle me menaçait ! On se serait cru à un interrogatoire musclé de la mafia... Mais bon, je ne comptais pas me laisser faire. Elle voulait utiliser la magie ? Bien, on allait utiliser la magie. Faisant appel à mon élément, le temps, je l'arrêtais quelques secondes, le temps d'échapper à son emprise et de me placer à une distance raisonnable de mon agresseur. Retour à la normale.

- T'es folle ? Je suis un coursier, pas un assassin ! Je voulais juste te demander mon chemin, pas me faire plaquer au mur !

Décidément, personne n'était capable d'un peu de gentillesse dans cette ville ? Les rares elfes que j'avais rencontré étaient des gens serviables au moins. Alors que cette fille... Pourquoi avait-elle réagi ainsi ? Avait-elle peur de quelque chose ? Au pire, je m'en moquais un peu. La façon dont elle m'avait accueilli avait un peu refroidi mon envie de la connaître plus avant.

Pourtant, je n'osais pas me retourner et repartir de là d'où j'étais venu pour tenter de trouver un autre chemin. Mon intuition me disait que cette elfe n'hésiterait pas à m'attaquer dans le dos et à me faire regretter mon comportement. Après tout, je l'avais quand même traité de folle.

- Et toi, qui es-tu ?

Peut-être que si j'arrivais à lui faire comprendre que je ne lui voulais pas de mal et que j'étais totalement inoffensif je pourrais repartir et oublier cette rencontre. Peut-être.

Une rencontre dont on se serait bien passé

ft: Areste Tiers

Il avait disparu, comme ça, d'un seul coup... Quelle était cette magie ? Sans doute celle de son élément. Le Temps ? Sa disparition avait été instantanée, ça ne pouvait être que ça. Le mana qui circulait dans le sang des maîtres du Temps était très actif et puissant... Le sang idéal pour des potions. Malheureusement, je n'avais pas de quoi en prendre plus sur moi, étant justement à la recherche d'un apothicaire prêt à racheter mes ingrédients pour vider mes fioles. Et il ne s'était pas enfui, il était resté face à moi, sans doute par peur que je le poignarde dans le dos... Les choses étaient nettement moins amusantes, si la victime ne fuyait pas pour sa vie.
-T'es folle ? s'exclama-t-il alors. Je suis un coursier, pas un assassin ! Je voulais juste te demander mon chemin, pas me faire plaquer au mur ! Et toi, qui es-tu ?

Folle ? Ce simple mot me fit afficher un grand sourire, me faisant également lever la tête pour mieux regarder cet homme en face de moi.
-Folle ? Je ne suis pas folle ! Je cherche juste à voyager mais tout le monde m'en empêche !

Ma voix pouvait faire penser à de l'hystérie... Mon sourire et mes grands yeux à de la folie pure... Rien de bien rassurant en tout cas. Mais les traits de mon visage reprirent bien vite une allure plus calme, alors que je venais de trouver une autre utilité à mon nouvel ami que celle de poche à sang.
-Je cherchais mon chemin moi aussi, dis-je alors d'une voix plus calme, comme celle d'une petite fille un peu timide. Je cherche un apothicaire, mais il y a trop de soldats dans cette ville. Je n'aime pas les soldats. On pourrait peut-être s'aider ?

Aucune chance qu'il accepte avec ce regard que tu lui avais lancé un peu plus tôt... La seule chose qu'il devait avoir à l'esprit actuellement, c'était de s'enfuir à toutes jambes. Ce serait dommage pour l'apothicaire, mais la récompense si je le rattrapais risquait d'être bien plus plaisante.
-J'ai été surprise quand tu m'as touchée, poursuivais-je alors, je n'ai pas fait exprès de te faire mal, je suis désolée.

C'était en partie vrai... Je n'avais pas fait exprès de le plaquer contre le mur, ça avait été un réflexe... Un instinct de survie. Mais cela ne voulais pas dire pour autant que j'étais désolée. Ces derniers mots n'avaient été ajoutés que pour le rassurer un peu.

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-Folle ? Je ne suis pas folle ! Je cherche juste à voyager mais tout le monde m'en empêche !

En quoi l'avais-je empêché de voyager ? Je lui avais juste touché l'épaule ! Pas lancé un sort d'entrave ! Son raisonnement était illogique. Elle était folle. Et son visage, son sourire même me confirmait cette idée. Surtout lorsque je le vis changer d'apparence sous mes yeux, comme un masque qu'elle aurait enfilé. Note à moi-même : ne pas faire confiance à cette fille.

-Je cherchais mon chemin moi aussi. Je cherche un apothicaire, mais il y a trop de soldats dans cette ville. Je n'aime pas les soldats. On pourrait peut-être s'aider ? J'ai été surprise quand tu m'as touchée, je n'ai pas fait exprès de te faire mal, je suis désolée.

Voilà qu'elle s'excusait maintenant avec une voix toute douce. Un parfait piège à nigaud ce faux repenti. Et le coup du je n'aime pas les soldats m'avais mis la puce à l'oreille. Bon certes moi aussi je ne les appréciaient guère, mais pas au point de les esquiver apparemment.

- Je ne suis pas de cette ville et je suis encore plus perdu que toi. Je ne sais pas du tout où peut se trouver un apothicaire. Mais bon, un peu d'entraide ne peut pas me faire de mal !

Sauf si elle vient de toi. Il fallait que je me barre de là. Et vite. C'est quand même fout de voir la capacité qu'à l'esprit humain à trouver des solutions abracadabrantes lorsqu'il en a besoin. Si elle n'aimait pas les soldats, je pouvais sans doute m'en servir.

Pointant le doigt derrière elle, je m'exclamais :

- Des soldats !

Et bien sûr, ça ne manqua pas. L'elfe se retourna vivement sur elle-même pour regarder la direction que je lui montrais. Sans demander mon reste, je fis à nouveau infléchir la courbe du temps en le ralentissant pour me permettre de fuir plus vite. Tout en faisant volte-face, je me lançais dans ne course digne d'un athlète. Pour ne pas aller bien loin. J'avais à peine fait deux mètres que je me cognais dans quelque chose de dur et froid. Une armure.

Le choc m'avait fait perdre ma concentration et le temps était revenu à la normale. J'avais face à moi trois soldats à la mine patibulaire, bloquant l'entrée de la ruelle. Mais pourquoi ça tombait sur moi ?? D'un côté j'avais une elfe folle que je venais d'essayer de duper et de l'autre, trois soldats désabusés qui n'avaient pas vraiment l'air d'être là pour la protection des populations. Et moi au milieu. J'appelle ça une journée pourrie.

Une rencontre dont on se serait bien passé

ft: Areste Tiers

Il n'y avait personne ? Ni derrière moi, ni devant moi à présent, puisqu'il venait de s'enfuir. Je l'avais effrayé à ce point ? Ce n'était pas une raison pour me faire ce genre de farce mal placée ! Il courait étrangement vite, mais si je le rattrapais, je comptais bien ne pas le laisser partir cette fois.

Je me mis donc à marcher vers l'endroit où il s'était enfui, suivant le cours de la ruelle, pour finalement le retrouver aux prises avec trois gardes en armure. Ils ne semblaient pas commode... Il venait de les bousculer dans sa course ? Peu importe, ces idiots n'avaient pas le droit de poser la main sur lui, il serait mon jouet désormais, pas le leur.

Je m'approchais donc de ces trois types d'un air assuré, alors que l'un d'eux haussait la voix. L'avantage que je trouvais aux armures portées par l'ennemi, c'était qu'elles étaient plus solides que leur chair. Il ne me fallut que peu d'effort pour froisser le plastron de celui qui parlait pour ainsi couper sa respiration et le laisser se tordre de douleur.

Ses deux collègues eurent un mouvement de recul en dégainant leurs armes pour les pointer vers moi, qui devait encore apparaître comme une silhouette dans les ombres de la rue. Je m'approchais d'eux pour entrer dans leur champ de vision, et m'empressa de pousser l'un des soldats en arrière par mon simple regard, le faisant retomber sur le dos. Mon élément ne me permettait pas toutes les fantaisies... Il fallait que je me montre inventive avec les objets qui m'entouraient, en sachant que mon pouvoir n'était que peu efficace en journée. Tant que je ne maîtrisais pas mieux l'éthéromancie, je ne serais pas digne de porter l'appellation de "mage de bataille".

Mais la puissance de mon élément me suffirait bien à mettre ces gardes hors d'état de nuire. Je soulevai alors par la pensée la lance du garde tombé au sol pour l'envoyer traverser la nuque du dernier garde qui s'était élancé vers moi, la force du choc l'envoyant se planter contre un mur. Le premier commençait à enlever son plastron, jusqu'à ce que je le serre d'avantage pour l'empêcher de bouger. Il n'en restait plus qu'un... Je m'en approchais doucement, alors que lui s'était redressé, assis par terre. Il reculait en me regardant d'un air terrifié, qui me fit bien sourire.

Sa terreur était compréhensible. Je venais de tuer sous ses yeux ses deux collègues, soldats entraînés durement pour la guerre, sans même avoir à bouger. Finissant bloqué par le mur d'un bâtiment, à ma merci, je posais une main sur son casque en récitant quelques formules. Le pauvre bougre s'était endormi à la fin de ces phrases en ancien elfique... Ce sort faisait parti des sortilèges d'oniromancie que je devais encore travailler. Il me manquait encore de la pratique pour parvenir à le lancer sans entrer en contact avec la cible.
-Tu ne m'échapperas pas comme ça, dis-je alors en me redressant à l'adresse du coursier. Je demande juste un peu de ton temps pour m'accompagner dans les rues de la ville. Je t'ai aidé avec ces gardes, tu me dois bien ça !

Après tout, ces gardes allaient probablement l'arrêter, vu le ton qu'ils avaient employé. De mon point de vue, il me devait un service, maintenant. Rien ne m'obligeait à intervenir pour lui éviter d'avoir des ennuis. Bien sûr, je n'avais fait que lui en apporter d'autres... Mais comment faire comprendre une telle chose à une jeune fille qui n'avait aucune notion du bien ou du mal ?

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-Tu ne m'échapperas pas comme ça. Je demande juste un peu de ton temps pour m'accompagner dans les rues de la ville. Je t'ai aidé avec ces gardes, tu me dois bien ça !

C'était un enlèvement. Et une prise d'otage combinés. On était bien d'accord ? Déjà qu'à la base je devais me débarrasser de cette elfe folle, voilà que je me retrouvais à nouveau entre ses griffes et avec trois cadavres de soldats autour de moi. J'avais comme une intuition qui me disait que ce n'était genre pas cool du tout comme situation. Si d'autres soldats arrivaient et nous voyait ainsi, au milieu de leurs camarades morts, je ne donnais pas cher de ma peau. Après, je ne sais pas si je donnais plus chère d'elle en accompagnant mon nouvelle amie forcée en ville...

- Euh oui, on peut dire que je te dois un service...

Fuir encore peut-être ? Je pouvais à nouveau ralentir le temps..ou même utiliser mes sorts de morphomancie pour me changer en eau. Mais alors que j'y réfléchissais, aucune de ces solutions ne me semblait viable. Car même si j'arrivais à m'échapper, cela voulait dire frustrer encore plus mon interlocutrice, et vu ce qu'elle venait de faire subir aux gardes, mieux ne valait pas être son ennemi.

- Donc tu veux juste que je t'accompagne en ville ?

Si ce n'était que ça, il pouvait bien le faire... Même si il ne connaissait absolument pas cette ville. Et c'était d'ailleurs pour ça qu'il se retrouvait dans cette situation. C'était assez paradoxal. Tout en me relevant, j'essayais de ne pas regarder le cadavre du garde encore accroché au mur et je fis un grand sourire à ma "nouvelle-amie-forcée".

- On y va ?

Moins longtemps je resterai dans cette ruelle, mieux je me sentirais.

Une rencontre dont on se serait bien passé

ft: Areste Tiers

-Euh oui, on peut dire que je te dois un service...

Nous étions au moins d'accord sur ce point. Sans moi, il aurait été arrêté par ces gardes, et d'après ce que j'avais pu constater, la justice à Nnol n'était pas vraiment clémente, que ce soit avec les étrangers ou avec leur propre peuple. Les soldats avaient tous les droits, et les autres seulement celui de se taire.
-Donc tu veux juste que je t'accompagne en ville ?
-Oui... Je préfère être seule d'habitude mais cette ville me met mal à l'aise.

Si ce n'était pas pour mes recherches, je serais partie aussitôt que j'étais venue. Mais ce temple ancien m'intriguait vraiment beaucoup, et je devais à tout prix m'y rendre pour prélever le maximum de choses sur place. Le problème étant que mes fioles étaient pleines, et que je devais donc vendre tous ces ingrédients si je voulais pouvoir y aller sans faire de gâchis. Je n'aimais pas le gâchis. Je me donnais du mal pour récupérer ces ingrédients, ce n'était pas pour les jeter.
-On y va ?

Sans répondre, je me mis à le suivre, gardant mon grimoire serré contre moi par peur que nous soyons surpris par d'autres gardes qui essaieraient de m'en séparer. Mon nouveau compagnon de route semblait mal à l'aise... Était-ce encore parce que je l'avais plaqué au mur d'un air menaçant, un peu plus tôt ? J'affichais à nouveau une mine plus calme et tranquille, ayant compris que, finalement, cet homme était tout sauf dangereux.
-Pourquoi tu as voulu t'enfuir quand je t'ai demandé de l'aide alors que tu avais dit oui ?

Sa réaction m'avait trop intriguée pour que je passe à côté de cette question. Il avait d'abord accepté de m'aider, avant de me duper. Avait-il simplement voulu me faire croire qu'il était quelqu'un de confiance ? Si c'était le cas, cet homme était moins inoffensif qu'il en avait l'air, et je devrais m'en méfier. Ou alors il avait vraiment cru voir des gardes derrière moi, et c'étaient eux qu'il avait voulu fuir ? Peut-être que j'étais trop méfiante finalement. Après tout, il était retombé sur des gardes un peu plus loin, il les fuyait peut-être aussi.

Elle m'avait emboîté le pas sans en dire plus. Je devais donc mener le groupe... alors que j'étais complètement paumé. Bon eh bien, il ne restait plus qu'à y aller au talent comme on dit ! Si elle voulait un apothicaire, il fallait sans doute retourner vers le centre ville et les boutiques. Mais où était ce centre ville ? J'y étais passé, enfin j'en étais presque sûr, mais je m'étais enfoncé un peu trop loin dans ces ruelles pour retrouver mon chemin de tête.

Je me creusais la tête devant une intersection lorsqu'elle avait à nouveau parlé.

-Pourquoi tu as voulu t'enfuir quand je t'ai demandé de l'aide alors que tu avais dit oui ?

Aïe, la question qui fait mal. Pourquoi j'avais voulu la duper ? Parce qu'elle faisait peur, qu'elle avait essayer de me tuer cinq secondes après notre rencontre, parce qu'elle avait l'air folle, etc... Bref, j'avais tout un tas de raisons. Que je ne pouvais pas dire sans prendre le risque de me retrouver à nouveau plaqué au mur.

Une fois le choix fait, je m'étais remis en route en réfléchissant à ma réponse.

- Comment te dire... Tu me mettais mal à l'aise avec ton entrée en matière alors j'ai eu peur. Et comme je ne sais pas me battre, je suis obligé d'avoir recours à la ruse pour me sortir des situations délicates.

C'était crédible ? Après tout, je ne disais que la vérité.

- Mais c'était une erreur. Heureusement que tu m'as sauvé après. Je suis désolé.

Si je devais me balader avec elle dans le dédale de cette ville, je préférais repartir sur une base saine. Et s'excuser n'a jamais tué personne, surtout que j'étais plus ou moins désolé.

Une rencontre dont on se serait bien passé

ft: Areste Tiers

Donc, c'était bien ça, il avait eu peur. Je n'étais vraiment pas douée pour commencer une relation sur de bonnes bases... Le plaquer au mur, et ma réaction à la simple entente du mot "folle"... Peut-être que je l'étais, après tout ? Mais finalement, il s'était excusé, et ces paroles me firent esquisser un très léger sourire.

Toutefois, cet homme avait l'air aussi perdu que moi dans cette ville. Si lui aussi cherchait son chemin, ce n'était pas étonnant. Il ne m'apporterait finalement rien de plus qu'un peu de compagnie dans ces rues glaciales. J'en avais cruellement besoin, contrairement à ce que l'on pouvait penser. Si je continuais à vagabonder ainsi dans cette ville, je risquais fort de partir au quart de tour, comme avec ces gardes. Même si ceux-là l'avaient bien cherché !
-Désolée de t'avoir fait peur, annonçai-je en baissant la tête, je n'ai pas fait exprès.

Cette fois, c'était plus sincère. Je m'en voulais un peu d'avoir fait peur à quelqu'un qui ne m'avait fait aucun mal. Mais je me laissais facilement submerger par la puissance de mon élément, qui réagissait souvent à ma place.

Il ne nous fallut pas longtemps pour arriver sur une place, sur laquelle s'étaient installés quelques marchands. Un apothicaire devait bien se trouver parmi eux ! Du moins je l'espérais, ou mes prochaines recherches seraient encore retardées.

Après m'être excusé, j'avais eu l'agréable surprise de l'entendre s'excuser à son tour. J'avais l'impression que c'était le genre de personne plus encline à écraser la tête des gens sans s'excuser et à avancer sans s'attacher à personne en jugeant les gens comme moi moi d'un air hautain.

Mais à l'évidence, je m'étais trompé. Même si elle était pour le moins originale, elle semblait sincère. Je n'irai pas jusqu'à dire que nous pourrions devenir les meilleurs amis au monde, mais je n'avais plus envie de m'enfuir à toutes jambes en pensant au fait qu’elle était derrière moi. Oui, je l'avais mal jugé.

Tout à mes réflexions, j'avais marché sans vraiment réfléchir et la chance m'avait souri. Nous avions fini par atteindre une place avec quelques marchands. On ne pouvait pas dire qu'elle soit énorme mais elle était suffisamment grande pour espérer qu'un apothicaire s'y trouve !

Tout en déambulant parmi eux, la chance décida de nous sourire encore une fois.

- Tiens regarde ! Un apothicaire !

Entouré d'un marchand de poisson et d'un cordonnier, l'apothicaire semblait nous attendre. Et le top du top, il avait l'air aimable. Enfin une personne dans cette ville qui n'avait pas l'air d'avoir envie de vous mordre si vous lui adressiez la parole ! Peut-être pourrait-il même m'aider en m'indiquant où trouver la personne que je devais livrer ?

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